Les mégots de cigarettes, vecteur de germes résistants

En se retrouvant dans les eaux, les filtres de cigarettes peuvent y propager des germes pathogènes et des bactéries résistantes aux antibiotiques, révèle une étude.

, 5 mars 2025 à 15:48
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Les substances nocives contenues dans la fumée et les filtres des cigarettes peuvent favoriser le développement de germes résistants dans l'environnement. | Image: Daniel Ramos via Unsplash
Fumer pourrait nuire à la santé de manière indirecte. Une étude menée par des chercheurs de l'Université technique de Dresde (TUD) montre que les substances nocives contenues dans la fumée et les mégots favorisent la croissance et la propagation de germes résistants dans l'environnement.
Comment cela se produit-il? «Les filtres de cigarettes contiennent de nombreuses substances toxiques issues de la fumée de cigarette», explique Uli Klümper, de l'Institut d'hydrobiologie de la TUD. «Dans notre étude, nous avons pu constater que ces filtres, lorsqu'ils se retrouvent dans les eaux, sont davantage contaminés par des germes potentiellement pathogènes et des bactéries résistantes aux antibiotiques. Ces dernières sont particulièrement bien adaptées pour survivre dans les conditions défavorables qui règnent au sein des filtres.»
Les mégots de cigarettes, colonisés par des bactéries résistantes et pathogènes, peuvent ensuite être transportés dans des rivières, d'autres cours d'eau ou sur des plages, contribuant ainsi à la propagation de bactéries dangereuses.
Il est nécessaire de prendre des mesures plus strictes contre l'abandon négligeant des mégots de cigarettes, conclut Klümper, selon un communiqué de la TUD.

Davantage de bactéries résistantes dans les poumons

D'après les résultats de l'étude, les fumeurs sont également impactés: ils favorisent une propagation plus rapide des germes résistants dans leurs propres poumons, réduisant ainsi l'efficacité des antibiotiques administrés en cas d'infections pulmonaires futures.
Différentes espèces de bactéries peuvent en effet échanger des gènes de résistance par le biais de plasmides, de petites molécules d'ADN transmissibles entre elles. Cela permet à des bactéries auparavant sensibles aux antibiotiques d'acquérir une résistance et de ne plus pouvoir être traitées.
«Dans nos expériences avec un milieu pulmonaire artificiel, nous avons pu montrer que les substances toxiques qui s'accumulent dans le liquide pulmonaire à cause de la fumée de cigarette déclenchent une réaction de stress chez les bactéries», écrivent les chercheurs. Cela pourrait notamment plus que doubler la fréquence de transmission des gènes de résistance entre les bactéries.
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