Préparateurs en pharmacie, une spécificité romande en péril

En Suisse romande, les préparateurs en pharmacie, derniers représentants d’un métier en déclin, font face à des réformes qui pourraient leur faire perdre leur emploi juste avant la retraite et fragiliser les petites officines.

, 28 janvier 2025 à 13:43
image
Image: National Cancer Institute via Unsplash
Métier en voie de disparition: les préparateurs en pharmacie tirent depuis longtemps la sonnette d’alarme pour alerter sur leur situation. En Suisse romande, ces professionnels ont permis de remplacer ponctuellement les pharmaciens, une dérogation remise en question depuis plus de dix ans.
Les préparateurs en pharmacie constituent une exception romande: ce métier n’existe que dans quelques cantons suisses francophones, et ils ne sont, par exemple, plus qu’une soixantaine dans le canton de Genève. La plupart d’entre eux ont désormais plus de cinquante ans. En cause : la disparition, en 2001, d’une filière de formation dédiée.
Leur fonction, créée dans les années 1960, offrait une solution au manque de pharmaciens grâce à une formation et des prérogatives plus étendues que celles des assistants en pharmacie.
«Depuis soixante-cinq ans, les préparateurs remplacent avec entière satisfaction les pharmaciens. Personne n’avait rien à redire lorsqu’ils le faisaient durant le Covid.» Stéphane Florey, député genevois (UDC)

Une profession en tension

Face aux volontés de réformer les droits dérogatoires du métier, une pétition de l’Association genevoise des préparateurs en pharmacie avait recueilli environ 30’000 signatures en 2008, permettant ainsi de tempérer ces réformes. Les préparateurs en pharmacie de Suisse romande continuaient ainsi d’exercer à la place des pharmaciens, en cas de maladie, de formation ou encore de congés.
Aujourd’hui, l’État souhaite durcir les règles et prévoit de mieux faire respecter un règlement déjà en vigueur depuis plusieurs années, limitant ce droit de remplacement.
«Depuis de nombreuses années, cette question continue à faire l’objet d’interprétations, parfois abusives (remplacements très répétitifs) menant certaines pharmacies hors des clous, là où d’autres s’en tiennent rigoureusement à la législation», affirme le Département de la santé et des mobilités (DSM).
Pourtant, les voix se multiplient contre cette réforme: «Nous priver de cette prérogative met en danger le fonctionnement des petites officines et nous fait craindre une baisse de notre rémunération, voire une perte d’emploi, car le pharmacien devra trouver d’autres moyens d’être secondé!» déclare une préparatrice en pharmacie au journal «La Tribune de Genève».

Un délai qui ne fait pas l’unanimité

À l’issue de négociations qui ont duré un an et demi avec les pouvoirs publics, l’Association genevoise des préparateurs en pharmacie a obtenu un délai d’extension des droits de la profession jusqu’en 2028, ainsi que la mise en place d’un dispositif d’aide à l’employabilité.
Cependant, ce délai ne fait pas l’unanimité. Stéphane Florey, député genevois (UDC) et dépositaire d’une motion, interpelle: «Il faut repousser l’application de la restriction à 2035, pour permettre à la majorité des préparateurs d’atteindre la retraite.» Et d’ajouter: «Depuis soixante-cinq ans, les préparateurs remplacent avec entière satisfaction les pharmaciens. Personne n’avait rien à redire lorsqu’ils le faisaient durant le Covid.»
Thomas Bläsi, autre député UDC et pharmacien de formation, souligne qu’il n’y a «jamais eu d’erreur dénoncée imputée à un préparateur. On fait face à un formalisme cantonal excessif qui met en danger des professionnels et leur famille.» La situation est décrite par le groupe politique comme une «casse sociale».
Que se passera-t-il alors vraiment pour ces professionnels proches de la retraite, mais pas encore tout à fait à l’âge légal, ainsi que pour les petites officines, qui devront trouver des solutions alternatives?
Partager l'article
  • Share
  • Tweet
  • Linkedin
  • Whatsapp
  • Telegram
Commentaire

Abonnez-nous et recevez notre newsletter chaque semaine.

ou

Quelle est votre profession?

Où travaillez-vous?*

undefined
undefined

*Ces informations sont facultatives et seront traitées de manière anonyme.
Pourquoi les demandons-nous?
Medinside vous offre un service gratuit d'informations et de contributions. Pour maintenir ce service, nous dépendons de la publicité. Notre objectif est que vous ne voyiez sur Medinside que des publicités pertinentes, adaptées à vos centres d'intérêt. En recueillant des informations sur le profil général de notre audience et en les traitant de manière anonyme, nous permettons à tous d'en bénéficier: vous, chers lecteurs et chères lectrices, ainsi que nos partenaires et nous. Merci!


Plus d'informations sur ce sujet

image

Vaud: le médecin cantonal nommé à la tête d'Unisanté

Karim Boubaker quittera son poste de médecin cantonal pour prendre la direction générale d’Unisanté, le centre universitaire de médecine générale et de santé publique.

image

L’OFSP prévoit de réduire son budget de 11 millions et de supprimer près de 20 postes

L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) doit faire des économies et renonce à plusieurs missions clés. La base de données sur le dosage des médicaments pédiatriques, des programmes de prévention et la radioprotection font partie des secteurs touchés.

image

Nouveau chef de l’Office de la santé du canton de Berne

Le Conseil-exécutif du canton de Berne a désigné Philipp Banz pour succéder à Fritz Nyffenegger à la tête de l’Office de la santé. Manager expérimenté et fin connaisseur du secteur, il entrera en fonction au 1er août 2025.

image

Soigner mieux plutôt que soigner plus: dépasser la course au profit

Avec la «Swiss Declaration on Patient Priority», plusieurs acteurs du secteur de la santé appellent à recentrer le système de soins sur les patients, plutôt que de chercher à maximiser les profits et à augmenter le volume de traitement.

image

Manifestation contre les pénuries médicales

Plus de places de formation, moins de bureaucratie: la FMH, Pharmasuisse, ChiroSuisse, la SSO et la SVS ont présenté à Berne une série de revendications communes.

image

Le Conseil fédéral s'oppose à l’initiative contre l’expérimentation animale

L'impact sur la recherche en santé serait trop important: le gouvernement rejette l’initiative visant à interdire l’expérimentation animale et ne soumet pas de contre-projet.

Du même auteur

image

Réinsertion et santé mentale: Fribourg mise sur la coordination

Le centre d'accueil La Tuile et le Réseau fribourgeois de santé mentale signent une convention pour renforcer la complémentarité de leurs accompagnements, entre hébergement, soins et suivi social.

image

Le personnel infirmier français devrait gagner en autonomie

Consultations, diagnostics, prescriptions: en France, les infirmières et infirmiers devraient bientôt voir leurs compétences élargies grâce à une nouvelle loi adoptée à l'unanimité par l’Assemblée nationale.

image

Les EMS face à la pandémie: protéger sans isoler?

Interruption des visites, tests insuffisants, manque de matériel… Les EMS genevois ont été en première ligne face à la pandémie. Une étude analyse les stratégies mises en place et questionne l’efficacité des mesures les plus strictes.