Transmission animal-humain: les infections pourraient se multiplier

Une enquête révèle une hausse alarmante des transmissions zoonotiques, accompagnée d'une explosion du nombre de décès. Une tendance qui pourrait encore s'accélérer.

, 9 novembre 2023 à 23:00
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Image symbolique: Ömer Yıldız via Unsplash
Transmission de la grippe aviaire aux troupeaux de bovins, puis aux éleveurs: les récents événements survenus aux États-Unis rappellent une fois de plus notre vulnérabilité face aux problématiques liées à l'industrie de la viande et à l'agriculture.
Une équipe de scientifiques californiens a entrepris de recenser les principales zoonoses dans une perspective historique et d'établir des séries chronologiques. Le constat est sans appel: au cours des six dernières décennies, le nombre de zoonoses a augmenté en moyenne de 4,98% par an. Parallèlement, le nombre de décès liés à ces infections a progressé de 8,7% par an.
Cependant, l'équipe dirigée par l'analyste Amanda Jean Meadows n'a pas inclus la récente pandémie de Covid-19 dans son analyse, considérant ce cas comme unique et susceptible de biaiser les résultats.
L'augmentation constante des décès liés aux virus zoonotiques ne traduit pas nécessairement une dangerosité accrue des transmissions. Elle pourrait également résulter d'une amélioration des capacités de détection, permettant de recenser davantage de victimes qu'au début des séries étudiées, dans les années 1960.
Les chercheurs de Gingko Bioworks, une société spécialisée en recherche, ont utilisé une vaste base de données épidémiologiques couvrant la période de 1963 à 2019. Leur analyse inclut 3'000 foyers et épidémies documentés.

Un risque sérieux

L'étude met en évidence un risque significatif: si la croissance des «spillover events» (transmissions interespèces) se poursuit au même rythme, leur nombre pourrait être multiplié par quatre d'ici un quart de siècle. Le nombre de décès liés aux maladies zoonotiques pourrait quant à lui être environ douze fois plus élevé en 2050 qu'en 2020.
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Jährliche Zahlen der gemeldeten Ausbrüche (A) und Todesfälle (B), die durch Filoviren, Sars- Coronavirus 1, Machupo- und Nipah-Viren verursacht wurden, 1960 bis 2019 (Punkte). Die Linie zeigt den Trend. — Quelle: zitierte Studie
L'équipe dirigée par Amanda Jean Meadows souligne que ces prévisions sont relativement conservatrices. Il est probable que les foyers et les décès soient encore plus nombreux, notamment grâce à une meilleure communication et à des systèmes de surveillance plus performants, permettant de détecter des cas qui auraient échappé aux observations dans le passé.
En outre, une aggravation due au changement climatique, bien qu'envisageable, n'a pas été prise en compte dans le scénario présenté.
La réalité n'en demeure pas moins alarmante: les cas de transmission (Ebola, MERS, grippe aviaire, SRAS) se multiplient. «Notre analyse des données historiques suggère que la série d'épidémies récentes provoquées par des débordements zoonotiques ne constitue ni une anomalie ni une accumulation aléatoire», conclut l'étude. Elle révèle au contraire une tendance sur plusieurs décennies, caractérisée par des épidémies de plus en plus fréquentes et importantes.
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