«Toujours trop peu de médecins», selon la FMH

En l'espace d'un an, le nombre de médecins actifs a augmenté de 1'500, ce qui reste «beaucoup trop peu» selon l'association des médecins.

, 26 mars 2025 à 16:29
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Y a-t-il assez de médecins en Suisse? La FMH estime qu'il y en a toujours beaucoup trop peu. Les caisses maladie, les cantons et la Confédération ont un avis plus nuancé. | Image: Lummi (IA)
Le nombre de médecins en activité en Suisse est passé de 34'300 à 42'600 au cours des dix dernières années. La FMH commente sa dernière statistique médicale 2024 en ces termes: «Cela correspond à 1'502 médecins de plus que l’année précédente, soit une hausse de 3,7%. Cette augmentation est réjouissante, mais bien trop faible pour combler le manque de médecins.»
La Suisse affiche ainsi une densité médicale relativement élevée par rapport au reste de l’Europe. Avec 4,74 médecins pour 1'000 habitants, elle se situe au-dessus de la moyenne de l’UE. Cette densité est également en progression constante: il y a dix ans, on ne comptait que 4,1 médecins pour 1'000 habitants.
Cependant, la répartition des médecins reste très inégale sur le territoire. Les grandes villes bénéficient d’une forte présence médicale, notamment en ce qui concerne les spécialistes, qui sont souvent suffisamment nombreux.
Les médecins de famille, en revanche, font défaut en dehors des centres urbains. La densité médicale moyenne dans le domaine des soins de base n’est que de 0,8 pour 1'000 habitants. L’OMS et l’OCDE recommandent un poste à temps plein de médecin de famille pour 1'000 habitants.
Les disparités régionales sont marquées: l’objectif de 1,0 est atteint dans les zones urbaines, tandis qu’il chute à 0,4 dans les régions rurales.

Davantage de travail à temps partiel

Par ailleurs, le nombre de médecins ne reflète pas nécessairement le nombre de postes à temps plein. De plus en plus de praticiens optent pour un emploi à temps partiel, souvent dans des cabinets de groupe. Le modèle du cabinet individuel – traditionnellement tenu par un médecin exerçant à temps plein avec des horaires lourds – perd de son importance, selon la FMH. En 2014, 57,2% des médecins travaillaient en cabinet individuel, contre seulement 39,6% aujourd’hui.
De même, il devient plus rare de travailler 60 heures par semaine ou davantage, comme c’était fréquemment le cas par le passé. La charge de travail moyenne diminue progressivement, bien que légèrement: elle est passée de 8,9 demi-journées par semaine en 2014 à 8,6 en 2024.

Une surabondance?

Tous les acteurs du système de santé ne partagent pas le point de vue de la FMH selon lequel la Suisse manquerait de médecins. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) souligne que le pays affiche déjà une densité médicale très élevée en comparaison européenne, et qu’il n’existe pas – du moins au niveau national – de pénurie aiguë.
Depuis juillet 2023, les cantons sont d’ailleurs tenus, dans le cadre des mesures de maîtrise des coûts de l’assurance-maladie, de fixer des plafonds au nombre de médecins exerçant en ambulatoire. Dans les zones urbaines, les cantons ne jugent pas nécessaire d’augmenter ces effectifs.
Certains médecins estiment également que la quantité ne garantit pas une meilleure qualité des soins. C’est notamment l’avis du chirurgien Othmar Schöb, qui déclarait dans une interview à Medinside: «Nous avons aujourd’hui quatre fois plus de médecins qu’il y a 30 ans, avec des coûts bien plus élevés et une qualité en baisse. À l’avenir, il faudrait former moins de chirurgiens – uniquement ceux dont on a réellement besoin. Le nombre de candidats à la formation postgraduée est actuellement trop élevé, et une grande partie d’entre eux quitte la chirurgie au bout de deux ans. Une grande partie de la formation est ainsi perdue pour ceux qui sont vraiment adaptés à la profession. C’est pourquoi je plaide pour un système qui permet de séparer le bon grain de l’ivraie dès la première année, en ne laissant poursuivre que les personnes véritablement aptes. Celles-ci devraient ensuite être soutenues en conséquence.»
Les économistes de la santé expriment également leur inquiétude face à une possible surabondance et à la hausse des coûts. Selon eux, une simple augmentation du personnel ne suffit pas: il faut améliorer l'efficacité du système et repenser ses structures. L’Université de Lucerne a d’ailleurs récemment lancé un programme visant à sensibiliser les professionnels de santé à la nécessité d’éviter le surapprovisionnement en soins.

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